Sur le fil by Emma Loren

Auteur:Emma Loren [Loren, Emma]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782898442520
Amazon: B0D7XBG5VG
Goodreads: 215528734
Éditeur: Homoromance Éditions
Publié: 2024-07-14T22:00:00+00:00

4.

À l’atelier, il fait une chaleur intenable. Bien que les climatiseurs fonctionnent toute la journée, l’air est pesant. Je quitte mon poste à plusieurs reprises pour aller me servir un verre d’eau fraîche. Une heure et demie avant la fermeture de nos locaux, je m’étonne de ne pas avoir croisé notre supérieure.

Je sais que Ludovica est là : sa voiture est garée sur le parking. Plusieurs de mes collègues l’ont croisée ce matin. Est-ce qu’elle m’évite ? Regrette-t-elle nos ébats amoureux ?

Les questions fusent. Fatiguée par cette nouvelle journée de travail, mes gestes sont mécaniques et deviennent de plus en plus imprécis. Même si je le remarque, je ne réussis pas à en tenir compte. Mes pensées sont submergées par Ludovica.

Je ferme les paupières, plongeant un instant dans les fantasmes de mon esprit enfiévré. Ludovica est une femme magnifique. Pleine de mystères que j’aimerais explorer. Faire de son corps mon temple, partager ses orgasmes et ses nuits… Autant de perspectives qui embrument ma raison.

Je vibre à la simple idée de ses mains sur mon corps. De sa peau contre la mienne. Je voudrais qu’elle embrasse chaque parcelle de mon être. Les cordes n’étaient qu’une excuse pour me rapprocher d’elle, et je n’en avais pas conscience. Désormais je sais que c’est elle qui éveille mes sens et qui réveille mon être.

Soudain, je sursaute. À la vue du sang, la panique me gagne avant la douleur. Je bondis sur mes pieds et m’éloigne de la machine à coudre. Je presse mon index, blessé par l’aiguille à coudre, d’où s’échappe un liquide vermeil. La douleur m’irradie ensuite, m’arrachant une grimace. Je peste contre moi-même, énervée de m’être blessée si bêtement et enragée d’avoir taché le tissu de haute couture.

— Mince, Abi ! s’exclame une collègue.

— Est-ce que ça va ? me demande une autre.

Je hoche la tête en maintenant toujours une pression sur mon doigt blessé et file jusqu’à l’infirmerie. Je ne pensais pas avoir besoin d’y aller un jour. Toujours très méticuleuse et prévenante, je n’avais aucune raison de me retrouver ici jusqu’à présent.

Tremblotante, j’agrippe un linge propre que j’entortille autour de mon doigt. Ça fera l’affaire. Si je ne retourne pas derrière ma machine à coudre maintenant, je serais en retard dans ma production.

— Quelle idiote… ! je grogne, les dents serrées.

— Ça arrive, lance une voix derrière moi.

Je reconnais sans peine à qui appartient ce timbre grave. De l’entendre, des frissons parcourent ma nuque.

— Laisse-moi t’aider, me dit tout bas Ludovica.

Sa voix, un soupçon autoritaire, me fait frémir. Je tends la main. Ses doigts sont habiles, chauds, agréables. Avec délicatesse, ils s’exécutent pour désinfecter et bander la plaie. Je grimace quand Ludovica presse mon doigt.

— Il faut que le sang cesse de couler, se justifie-t-elle.

Je hoche la tête et la regarde faire. Le bout de ses doigts caresse désormais le creux de ma main. Nos visages sont à quelques centimètres l’un de l’autre. D’une voix tendre, elle me demande :

— Ça va mieux ?

Son souffle s’écrase sur mes pommettes.

Des frissons courent de mes reins, à mes épaules nues.

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